La Maison de l'eau

 

 

Une inscription dans un parc de château et son ordonnancement classique :

L'implantation du château dans son parc, la forte axialité de la composition définissent un contexte paysager fort dans lequel la maison de l'eau s'insére sans dénaturer

L'architecture du château du Bosc-Feré, comme l'ordonnancement de son parc sont les prémisses incontournables de la réflexion sur l'insertion de la maison de l'eau. Le château qui n'est pas un monument majeur du patrimoine régional mérite toutefois un certain respect. Par ses proportions, le jeu du corps central légèrement saillant, et les deux ailes symétriques, l'architecture se révèle, pour la partie centrale être de la fin du XVIIIème siècle. Le tracé du parc révèle également une volonté de s'apparenter à un ordonnancement classique dans lequel le château joue le rôle de point focal de la composition.

Le principe d'inscription de la maison de l'eau part de l'analyse de l'ensemble bâti et des proportions du parc. L'établissement d'un tracé régulateur, à partir du château et de ses dépendances, permet d'établir un tracé d'implantation de l'équipement le plus harmonieux possible. Nous avons donc choisi à la fois de l'inscrire suivant l'axe majeur du château et de ne pas encombrer l'espace libre face au château. Il nous a paru dès lors naturel d'inscrire la maison de l'eau dans le sol, pour les raisons évidentes que nous venons d'évoquer, et bien sûr pour les raisons liées au thème de l'eau sujet central et omniprésent.

Cette inscription confère également au bâtiment des qualités environnementales très intéressantes.

 

 

 

Un jardin d'eau géométrique

L'eau comme miroir, référence aux jardins et parcs classiques.

Dans la continuité de notre réflexion patrimoniale, le bassin axé dans la composition, en référence au bassin classique s'est rapidement imposé. Il nous a permis très vite d'argumenter l'aspect miroir d'eau et la qualité de l'eau physique qu'un tel bassin nécessite. Cette eau traitée dans les jardins d'agréments classiques n'est pas naturelle, elle est issue et exploitée par une ingénierie hydraulique, un génie de l'eau qui sait la faire jaillir et l'utilise pure. Un tel emploi évite la mousse, les algues et toute espèce vivante pouvant s'y développer. L'eau ici est perçue non pas comme source de vie mais comme surface de réflexion des images, du ciel, du château.

La mare, l'eau naturelle.

L'eau-miroir du jardin classique est confrontée à l'eau-mare. Le jardin naturel confronté au jardin abstrait. L'eau pure à l'eau naturelle. Cette confrontation permet une première interrogation sur la multiplicité des eaux. C'est une source d'enseignement pour les enfants.

La maison de l'eau : un réceptacle des eaux de pluie.

La maison de l'eau est conçue comme une conque, une vasque. Elle recueille toutes les eaux de pluies tombant sur la surface du jardin d'eau géométrique. L'eau ruisselle sur les murs, s'accumule dans les bassins, déborde de l'un à l'autre. Les légers bruits d'eau, clapotis et glouglous, sont partout entendus. L'eau chemine au sol sous les pieds des enfants et est ensuite remontée pour être retraitée et reprendre le cycle sans aucune perte si ce n'est l'évaporation.

Un processus de purification naturelle.

Les eaux nécessaires au fonctionnement de la maison, qui en exige beaucoup pour les diverses activités des enfants, est purifiée naturellement in situ. Les bassins d'épuration constituent à la fois un support pédagogique de première importance, participent également à la forte identité environnementale du projet et contribuent ainsi à sa grande cohérence.

Les bassins qui se déversent les uns dans les autres sur le pourtour de la maison démontrent une purification par les plantes. A l'image de l'eau qui s'infiltre dans le sol et est filtrée naturellement par lui, tout en se chargeant en minéraux, ici l'eau reste en surface et illustre l'épuration par lagunage.

 

 

 

 

 

Un jeu de bassins en surface se développe suivant une trame carrée qui évoque les jardins classiques.

 

 

L'architecture de la maison de l'eau

L'architecture est donc définie en premier lieu par le site même, par l'héritage historique induit de la position symbolique du projet, en second lieu par l'eau elle-même sous toutes ses formes.

L'eau est déclinée sous de multiples formes qui organisent un discours cohérent. A la fois au niveau des toitures de la maison où l'eau devient plan de référence, miroir d'eau, et aussi dans la couronne alentour où elle chemine et s'étale. Sur la couronne, elle circule de bassins en bassins se purifiant à mesure qu'elle descend par degrés.

La maison de l'eau elle-même est composée comme un seul bloc compact. Sa couverture est faite d'eau et permet la meilleure régulation thermique possible par le phénomène d'évaporation. Sa structure simple est constituée d'un système poteaux/poutres en béton. Le béton étant le matériau incontournable en infrastructure. La seule façade du bâtiment orientée au sud est constituée d'une double peau à la manière d'un jardin d'hiver. Ainsi la chaleur est emmagasinée l'hiver. L'été, ce même espace est largement ventilé pour éviter l'effet de serre.

Cette façade sud, est visible depuis la cour basse, mais également depuis le château. C'est quasiment le seul point de vue qui autorise une vision de la maison de l'eau. Des autres postes d'observation, la maison de l'eau est pratiquement invisible derrière et dessous ses aménagements paysagers.

 

 

 

 

Espaces intérieurs scénographiques

L'espace scénographique situé sous les bassins est constitué de différents ateliers de manipulations thématiques. Les enfants manipulent des maquettes, font des expériences, prélèvent de l'eau dans les différents bassins pour l'analyser ensuite dans le laboratoire. Ils sont sensibilisés au cycle de l'eau, à la consommation journalière, aux pollutions ainsi qu'aux caractéristiques locales des sols

Les salles de manipulations se situent sous les bassins centraux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Projet :

Centre d'interprétation destiné essentiellement à accueillir des classes d'environnement.

Lieu :

Château du Bosc-Feré, Le Thuit de l'Oison, Eure

Maîtrise d'ouvrage :

Commune de Thuit-Signol

 

 

Maîtrise d’œuvre :

Daniel Cléris et Jean-Michel Daubourg architectes scénographes 

AR&C : Bureau d’études structure 

Choulet : Bureau d’études fluides-électricité 

Green Concept : architecte paysagiste 

Cabinet Virtz : économiste

Margaret Gray : graphiste

Surfaces :

530 m2 SHON

Coût :

2,12 M travaux

Livraison :

2009 

 

Crédit photographique : Luc Boegly

Liens externes :