Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine - CIAP's de Fougères

 

 

Simplicité et harmonie

Les libertés prises dans l'implantation générale de l'ouvrage sont dictées par la volonté d'une clarté d'organisation et de distribution des espaces. La perception en plan de l'agencement proposé est simple. Les alignements sont respectés au nord comme au sud, dictés par les proportions et les mesures des bâtiments conservés. La trame proposée, constituée de lignes successives de poteaux, dégage trois vaisseaux parallèles différents. Le premier vaisseau au nord abrite les espaces d'entrée et de circulation, d'accueil, de billetterie et de boutique. La trame virtuelle se prolonge à l'est et opère la liaison longitudinale de tous ces espaces, comme à l'ouest, vers l'exposition temporaire. Ce dispositif est accentué par des percements intérieurs généreux des murs conservés qui permettent de lier les espaces entre eux. Le second vaisseau, au centre, constitue l'espace d'exposition permanente, vaisseau enchâssé, centre de la nef, il se démarque des autres parties par une géométrie généreuse voûtée en berceau. Le troisième vaisseau, au sud, termine la composition. Galerie couverte, ce dernier vaisseau sert d'espace intermédiaire, de filtre et d'encadrement de l'exposition centrale.

Échelle de mesure – ligne de portée

La perception en volume est tout autre et chaque vaisseau a sa propre géométrie : Alignement au nord, verticalité et respect de la continuité urbaine pour le premier, cœur du dispositif et générosité du vaisseau central comme enchâssé dans la composition, protection et clôture pour le vaisseau sud sur le jardin. L'érection de la trame de poteaux en élévation génère une série de portiques, une forêt de poteaux dans la profondeur du bâtiment. Cette échelle donne la dimension et la mesure de l'entre-deux, du remplissage du vide entre les parties existantes. C'est aussi une ligne de portée régulière qui devient support de l'enveloppe. C'est enfin un lien entre les parties constituant la longue façade, la ligne de portée s'étendant sur l'ensemble bâti. Cette échelle régulière, ce portique autorise le jeu, la composition de volumes en alignement, mais aussi en retrait et en encorbellement. Le remplissage de chaque vide du portique / échelle étant autonome et répondant aux fonctions en regard : transparence sur la boutique et l'accueil au niveau du visiteur, semi opacité pour certains locaux, opacité pour les autres parties. Ce jeu de surfaces de remplissage qui deviennent des volumes, permet la variété de la façade sur sa grande longueur, la composition de volumes comme autant de notes sur la ligne de portée.

 

Jardin et milieu humide

Au sud, la promenade à travers le jardin donne à voir le développement du projet et ses vaisseaux successifs. La perception du projet est ici plus complète. Le visiteur profite de l’orientation sud, de la promenade Montembault maintenue, de la possibilité de passer librement par la galerie ou par le balcon sur le chenal et le cheminement direct vers le château.

Le jardin proposé est conçu comme un accompagnement et un complément au « rétablissement de la continuité écologique du Nançon ». Toutefois les altimétries de ce nouveau jardin sont imposées par l'équipement et la proposition pourra évoluer en fonction des contraintes et de l'avancement du projet écologique (étagement des bassins par exemple). Le jardin humide proposé fait référence à l'étang originel qui couvrait intégralement le flanc nord des fortifications. Ce jardin humide, formé de massifs de terres entourés de zones humides doit être perçu comme un élément essentiellement horizontal afin de s'opposer au caractère vertical de la roche. Celle-ci devra retrouver un caractère le plus minéral possible, comme sur sa face ouest à droite de la poterne XVe s.

Le jardin nécessite un mouvement d'eau continu afin d'éviter l'eutrophisation et la perte de biodiversité. Ce jardin est proposé en option.

 

 

 

A l'origine, le Nançon serpentait autour du château et formait une boucle en contournant la masse rocheuse par l'ouest. C'est durant la première période de construction du château (XIIe s.) qu'il est décidé de couper l'isthme rocheux dans sa partie la plus étroite et de permettre à la rivière de dévaler directement au sud à travers la première cour et d'établir des moulins nécessaires au fonctionnement du château.*

Afin de garder le bénéfice de la succession d'étangs, jouant un rôle défensif exceptionnel, sont réalisés une série de barrages maintenant les eaux autour des murailles. Au nord l'étang de la Couarde s'étale alors au pied de toute la face nord jusqu'à la poterne XVe s. L'ancien massif rocheux faisant face à cette poterne, aujourd'hui disparu et surmonté alors d'un ouvrage en demi lune retenait les eaux de l'étang puis les canalisait en cascade en longeant les murailles vers l'ouest.

C'est à la fin du XVIIIe s. qu'est percé l'axe de la route de Rennes. L'ouvrage avancé est détruit, l'étang est partiellement comblé. Au XIXe s. les constructions s'organisent de part et d'autre du boulevard Faucheux. Les alignements de constructions à partir de la place Raoul II se régulent. Une école est construite sur les comblements de l'ancien étang.

Différentes constructions se succèdent sur le site, en profondeur comme en alignement.

Le caractère militaire et défensif du site demeure la permanence, la composante forte du paysage : cette frange non bâtie s'explique par son utilité défensive constituée d'un plan horizontal infranchissable surmonté d'un banc rocheux vertical couronné par les fortifications.

La caractéristique première du site peut donc se résumer à cette opposition entre l'horizontal et le vertical, entre l'étang et une succession de strates verticales superposées constituant l'ouvrage défensif.

L'autre caractéristique est son occupation, qui, au moyen age, est un milieu hostile et inoccupé, pour devenir, au cours du XIXe s. puis au XXe s. une surface plane de remblai habitée par une succession de bâtiments, jusqu'à faire disparaître l'étang dans sa majeure partie.

 

 

 

 

Profondeur et transparence

Le travail en profondeur du projet, lié à la succession des vaisseaux, privilégie la transparence horizontale, la perception des plans successifs de la façade nord vers le jardin.

La lumière naturelle est ainsi contrôlée et maîtrisée en profondeur : le premier vaisseau orienté au nord bénéficie d'une lumière régulière directe mais surtout diffuse, le vaisseau d'exposition dispose d'une lumière naturelle plus faible, car plus éloignée de l'extérieur, permettant une scénographie lumière efficace même en dehors des ilots thématiques. Le vaisseau arrière formant galerie couverte comporte un brise soleil qui filtre la lumière naturelle du sud vers l'espace d'exposition.

A partir de la trame primaire des poteaux formant portiques, en façade mais aussi en profondeur, s'opère un jeu de remplissages aux trames successives de plus en plus serrées. La lumière naturelle devient le jeu d'interférences provoquées par son passage à travers ces lamelles de bois, comme autant de filtres ou de fanons.

L'enveloppe extérieure du bâtiment joue donc avec cette idée de filtre, de trame plus ou mois lâche, plus ou moins serrée en fonction de la localisation, de la fonction ou de la composition générale.


Cette trame est particulièrement lâche dans la réponse donnée au pavillon animation / événementiel - C 2.1 - qui demande la plus grande transparence afin de percevoir à bonne distance la silhouette du château et de la ville haute.

 

Projet :

Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine - CIAP's

Lieu :

Fougères, Ille et Vilaine

Maîtrise d'ouvrage :

Ville de Fougères

 

 

Maîtrise d’œuvre :

Daniel Cléris architectes

LES CRAYONS: scénographes

Gwenaëlle Grandjean : graphiste

ECB : BET structure - fluides - économie, OPC

TRIBU ENERGIE : BET environnement - énergie

Surfaces :

908 m² surface utile

Coût :

4,16 M€HT travaux

Livraison :

concours 2020